Critique : Sous la Seine

Après nous avoir scotchés à notre siège avec le brutal Farang (2023), Xavier Gens revient sur Netflix avec Sous la Seine, qui sort la carte de l’attaque de requins dans la capitale, à quelques semaines des Jeux Olympiques. Le concept aurait pu donner dans le plaisir régressif à défaut de réitérer l’exploit de Spielberg avec Les Dents de la mer (1975), mais nous sommes face à un énorme navet qui sort la tête de l’eau çà et là, grâce à quelques scènes de panique efficaces.

Carnassier d’eau douce

Sous les pavés, la plage, et sous la Seine, que trouve t-on ? Des Vélibs ? La bactérie E. coli ? Des obus de la Seconde Guerre mondiale ? Oui, mais aussi un gigantesque requin mutant baptisé Lilith, qui, quelques années auparavant, a décimé l’équipage d’une mission menée par Sophia Assalas (Bérénice Bejo) dans une scène d’introduction catastrophique, du jeu d’acteurs aux effets numériques – quoi que, au-dessus des séries Z de type Sharknado. On n’y cherchera aucune logique jusqu’à ce ralenti où Sophia sort de l’océan au milieu des déchets plastiques, un pur moment esthétique, presque hors du temps – hors du film –, qui nous conduit ensuite à Paris, alors que des militants écolos ont retrouvé la trace du requin, flânant du côté de l’île de la Cité. Alors qu’une épreuve de natation se prépare en amont des Jeux Olympiques, il est impensable pour la maire de Paris – Anne Marivin, probablement la plus convaincante ici – d’annuler quoi que ce soit, les yeux du monde entier s’apprêtant à être rivés sur notre capitale. Branle-bas de combat pour la police fluviale – en chef de file, Nassim Lyes –, mais aussi Sophia qui tentera de sauver les Verts avant une première catastrophe.

Bridage fluviale avec la Tour Eiffel en arrière plan

Une fois à Paris, Sous la Seine gagne quelque peu en consistance : la mise en scène dynamique profite à de nombreux plans sur le fleuve où l’on penserait parfois aux Amants du Pont-Neuf (1991) de Leos Carax, la poésie en moins, mais le gore en plus. Si lors de ses trop nombreuses apparitions, Lilith peine à séduire par son infographie peu convaincante, ses attaques offrent quelques décharges d’adrénaline dans des séquences de panique qui auraient gagné à suivre la méthode de Steven Spielberg, à savoir, de montrer la bête le moins possible. Du côté du gore, certes gentillet, l’efficacité est bien là, entre découpage total et membres déchiquetés. Avec ses piètres enjeux écologiques, glissés dans le scénario pour surfer sur une certaine culture du greenwashing, Sous la Seine apparaît comme un drôle d’objet, un brin opportuniste, un brin rigolo, mais toujours à la lisière de la catastrophe cinématographique – surtout avec des personnages aussi épais que des microparticules de plastique. Le film passe bien mieux qu’un insupportable En Eaux troubles (2018) de Jon Turteltaub, mais le potentiel qu’il aurait pu développer, façon Piranha 3D (2010) d’Alexandre Aja, aurait pu donner lieu à un carnage jouissif, tout en développant un propos solide. On quitte l’embarcation sur quelques scènes impressionnantes et réussies, dont la noirceur évoque tout de suite The Divide (2011) du même Xavier Gens, œuvre au caractère plus affirmé que ces mésaventures d’un carnassier d’eau douce.

2 étoiles

 

Affiche du film Sous la Seine

Sous la Seine

Film français
Réalisateur : Xavier Gens
Avec : Bérénice Bejo, Nassim Lyes, Léa Léviant, Anne Marivin, Yannick Choirat
Scénario de : Yannick Dahan, Maud Heywang, Xavier Gens
Durée : 101 min
Genre : Horreur, Drame, Action
Date de sortie en France : 5 juin 2024 sur Netflix
Distributeur : Netflix France

 

Photos du film Copyright Sofie Gheysens/Netflix

Article rédigé par Dom

Partagez cet article avec vos amis ou votre communauté :

Twitter Facebook Google Plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Comments links could be nofollow free.

 

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Avant de publier un commentaire, vous devez lire et approuver notre politique de confidentialité.